Quand Les bobos crachent sur le flic

Fréquemment, dans les milieux de gauche, il est de coutume de vénérer l’Autre. L’Autre: celui qui ne nous ressemble pas, celui dont le parcours est si différent du nôtre qu’il nous enrichit par sa seule présence.
Insulter des personnes uniquement coupables de faire leur travail, une habitude qui ne semble pas si grave à Lausanne. Unsplash / Scott Rodgerson

Malheureusement, ce qui fonctionne pour les réfugiés syriens ne semble pas s’appliquer aux agents de police, joyeusement insultés lors de la dernière édition du Festival de la Cité, à Lausanne. «La scène n’a duré que quelques secondes, sur un super concert d’une heure», nous disent les amateurs du groupe «Crème Solaire», qui se produisait devant la cathédrale. Certes, reste qu’en faisant crier «Tout le monde déteste la police» à son public, ce duo «glitch hop électro punk» fribourgeois s’est permis de stigmatiser toute une population, par ailleurs présente sur les lieux et impliquée dans la bonne organisation de l’événement.

Imaginerait-on un artiste, dans un festival grand public lausannois, qui se permettrait de chanter sa détestation des cyclistes, des brasseurs artisanaux ou des membres du parti socialiste? Certainement pas, et c’est heureux. Alors pourquoi se permettre de telles outrances envers des personnes exerçant un métier plus difficile que ceux de bobos en mesure d’aller boire des bières à dix francs toute la nuit?

Oui, nous n’y allons pas avec le dos de la cuillère. Et pourtant nous ne forçons pas le trait. Disons-le, la Ville de Lausanne n’accomplit pas son travail d’employeur en faisant comme si elle n’avait pas vu ses agents se faire insulter dans un festival qu’elle soutient chaque année. Ce manque de courage politique illustre bien, derrière les grands discours, l’estime que certaines élites portent réellement aux gens du peuple que sont la plupart des policiers.


«Et la liberté des artistes?», disent certains. Ils ont raison. Peut-être n’y aurait-il rien à dire à propos de discours encore bien plus violents, mais tenus dans un cadre privé. Dans un cadre public, et en début de soirée, nous affirmons cependant qu’il y a des frontières morales à ne pas dépasser. Il est fort bon d’être inclusif avec toute une panoplie de minorités réelles ou fantasmées, comme le fait le Festival de la Cité. Mais il faut être cohérent et ne pas en laisser d’autres servir de boucs émissaires à une rage puérile et sans objet.

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