« On veut réveiller les consciences »

Le parti chrétien UDF montre les dents. Face à l’ouverture d’une pâtisserie «porno» visant une clientèle très jeune, à Lausanne, la formation avertit: sans régulation de la situation, ce sera la plainte. Trois questions à Philippe Karoubi, membre du comité directeur du parti et peu friand de gaufres à l’allure d’organes génitaux.
Philippe Karoubi, membre du comité directeur de l’UDF suisse, l’assure: si la Quequetterie ne balaie pas devant sa porte, une plainte sera déposée. DR
image_pdfimage_print

Depuis quelques jours, les médias s’extasient devant l’ouverture de La Quequetterie à Lausanne et les autorités municipales s’en amusent (voir notre édition précédente): vous, de votre côté, écrivez à la société exploitante pour demander l’interdiction aux moins de 18 ans. Serait-ce que vous vous sentez une âme de Don Quichotte?

Don Quichotte se battait contre des menaces fictives, alors que nous sommes au contraire profondément dans le réel. Des adolescents fréquentent cet établissement et sont placés devant des sollicitations à tendances pornographiques, ce qui n’est ni acceptable ni en accord avec un article explicite du règlement général de police de la ville de Lausanne, comme vous l’avez écrit vous-mêmes.

Vous n’avez pas la crainte de crier dans le désert en demandant un filtrage des clients, alors que cet établissement drague précisément les jeunes?

A l’UDF, nous n’avons pas pour habitude de courber l’échine. Alors on peut nous dire que nous crions dans le désert, mais l’histoire de Jean le Baptiste nous montre qu’à force, on finit parfois par être entendus. Nous voulons réveiller les consciences. Il y a du reste une importante masse silencieuse de personnes dans la population, pas forcément chrétiennes, mais qui n’ont pas encore renoncé au bon sens, et qui n’en peuvent plus de ce genre de dérives. Certains essaient de se rassurer en se disant que ça ne durera pas, que cet établissement fermera rapidement. Nous, nous estimons qu’il faut combattre, avec les armes du droit.

Dans notre dernière édition, la Municipalité lausannoise s’est contentée de nous répondre qu’il fallait croquer dans la brioche, si nous voulions faire disparaître l’atteinte à la «décence» que le propre règlement de la Ville interdit. Cela vous choque, comme réponse?

Quelque-part, c’est l’attitude générale que les gens ont face à ce qu’ils ne maîtrisent plus. On ne veut pas entrer en conflit avec une chose qui nous dépasse, et contre laquelle on n’a pas les armes intellectuelles. Ce n’est pas vraiment de la délinquance, il n’y a pas d’agression dans la rue, juste une réalité qu’ils n’arrivent plus à situer sur l’échiquier moral.

Êtes-vous optimistes quant à vos chances de succès, seuls?
En tout cas nous allons aller jusqu’au bout. Sans réaction de la société qui exploite cette pâtisserie, dont nous avons la confirmation qu’elle a reçu notre missive, nous passerons à la plainte en bonne et due forme. A ce moment-là, les autorités seront obligées d’expliquer à la population ce qui, de leur point de vue, relève ou non de la décence et de la morale mentionnées dans l’article de règlement qu’elles devraient faire respecter. Nous espérons en outre trouver des alliances du côtés des voisins de l’établissement, ainsi que du côté de certains élus UDC lausannois. Au bout du compte, nous ne serons sans doute plus si seuls que cela à nous opposer à ce que nous considérons comme des sollicitations à caractère pornographique.

Voir aussi

Inscription gratuite
close slider