Ma sorcière bien-aimée

La première fois que l’auteur de ces lignes a contacté Léonore Porchet, en 2016, la Verte n’était pas encore conseillère nationale ni même députée vaudoise. Elle était en revanche déjà très Verte, au point de prendre la défense, lors de l’interview en question, d’un collègue de parti, porte-parole d’une mosquée lausannoise, qui se trouvait dans l’incapacité de serrer la main des dames en raison de sa confession.
parlement.ch
image_pdfimage_print

La chose ne dérangeait nullement notre héroïne de la lutte contre le patriarcat, puisque son camarade suivait en cela «le protocole du lieu de culte qu’il représentait, à l’intérieur de ce cadre précis» (ndlr la citation est d’origine).
Et effectivement, pourquoi s’énerver devant des comportements tout à fait actuels quand on peut, avec l’ardeur de Maïté devant une oie rôtie aux pommes, s’attaquer à des injustices du Moyen-Age tardif et de la Renaissance? Et l’ardeur, la parlementaire professionnelle n’en manque heureusement pas, comme le prouve son passage le week-end dernier à la RTS, dans Forum, où elle venait plaider pour la reconnaissance officielle des victimes de la chasse aux sorcières, dans la continuité d’un postulat déposé à Berne. Des heures sombres, certes, mais qui ont tout de même l’intérêt de permettre à la gauche woke de sortir une nouvelle catégorie de martyrs de son chapeau pour quémander de l’argent public. A quelles fins, précisément? Mettre en place des «réseaux de chercheurs et de chercheuses», des expositions et des quatre-heures pour les enfants, sans doute.
Mais voilà, il faut toujours qu’un beauf cisgenre s’en mêle et, dans le cas présent, c’est un historien spécialiste de la question qui a mis à mal la belle ambiance du moment. En l’occurrence, Michel Porret, de l’Université de Genève, qui a eu l’audace de démontrer que souvent, les dénonciations découlaient de «crêpages de chignon» entre ces dames et non d’un complot ourdi par les mâles contre le beau sexe. Et d’encourager sa jeune interlocutrice à aller lire quelques livres sur le sujet, aisément disponibles dans n’importe quelle librairie. Aïe. Ultime outrage, une «spécialiste des politiques mémorielles», Brigitte Sion, a fait part de sa légère incrédulité devant le procédé consistant à demander des sous à la collectivité pour très éventuellement développer une idée quant à son utilisation après coup.
Il n’en fallait pas davantage pour que madame Porchet perde sa belle assurance et commence à s’exprimer dans un sabir évoquant davantage le chanteur de Dance Scatman John que Chateaubriand. Qu’elle soit ici rassurée, pour vivre de tels moments d’extase mystique, nombreux seront les salauds de mâles encore disposés à lui permettre de prolonger sa carrière politique d’une trentaine d’années sans avoir jamais à potasser un bouquin d’histoire.

A tombeau ouvert

La scène indé de la Mecque helvétique des punks à chiens, Bienne.

Serait-ce parce que l’un des derniers journalistes qui lui restent est Biennois, toujours est-il que Le Matin ne se lasse pas de soutenir la scène indé de la Mecque helvétique des punks à chiens. Les derniers lecteurs qui lui restent (on se répète, mais c’est une figure de style) ont ainsi eu la joie de découvrir un reportage bouleversant, la semaine dernière, dans le cadre d’une manifestation contre le paquet d’économie «Substance 2030». Le grand tort de ce projet: préserver les grandes institutions artistiques locales – les plus à même d’attirer des spectateurs sans doute – tandis que la culture indépendante, elle, se débattra dans les pires souffrances. On caricature un peu, mais finalement moins que les manifestants qui ont eu le bon goût de défiler avec un cercueil pour la culture (quelle inventivité), de faire porter des panneaux militants à des gamins (quelle audace) et de sortir les drapeaux PS (quelle fidélité), d’après les photos de la «vitamine orange». Un sans-faute qui, certainement, saura convaincre les élus bourgeois de cesser de se doucher pour mieux engager le dialogue avec les preux chevaliers de la divine subvention.

Voir aussi

Inscription gratuite
close slider