Lutter contre la violence, batte en main

Organisation faîtière des hommes gays et bisexuels en Suisse, Pink Cross appelle son public à se former à l’autodéfense avec une image étonnante...
Ce militant queer déterminé figure sur une invitation à apprendre à se défendre. Sa batte aurait-elle passé sur un flyer d’une organisation de jeunesse campagnarde? DR
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«Don’t you dare!», soit «n’y pense même pas», en français. C’est le message d’un visuel de l’organisation Pink Cross, diffusé sur son site et sur les réseaux sociaux. Le projet: inviter les personnes queers à une formation à l’autodéfense sur deux jours, organisée fin octobre au centre sportif des Bergières, à Lausanne. Seul petit hic, le visuel retenu pour faire la promotion de l’événement est plutôt douteux, avec la présence d’une batte de base-ball — rien que ça — dans les mains d’une personne manifestement queer et déterminée à ne pas se laisser attaquer dans la rue. «Nous faisons évoluer la société grâce à notre activisme politique, mais cela prend du temps. Mais nous pouvons aussi apprendre à mieux nous défendre nous-mêmes», souligne Pink Cross sur son site. Projet très vertueux, certes, mais au point de manipuler un objet pouvant être considéré comme une arme? «Je vous rassure, nous n’apprenons pas à utiliser de batte dans ces cours, rigole Gaé Colussi, porte-parole. Nous voulons surtout apprendre à repérer les lieux, avoir l’air sûr de soi même quand on ne l’est pas, sans tomber dans le straight acting (ndlr: se déguiser en hétéro turboviril et sûr de lui).» De fait, le visuel n’est pas nouveau, mais c’est la première fois qu’il apparaît en Suisse romande, où ces cours font leur apparition cette année. Les techniques d’autodéfense semblent essentiellement inspirées du krav-maga.

«Je pense que ça répond à une impression et aussi à un besoin», réagit un membre d’une association partenaire de Pink Cross. «Impression car il y a de plus en plus de mentions de personnes LGBT+ dans les médias ou sur les réseaux sociaux qui se font agresser, soit verbalement soit, surtout, physiquement. Du coup, à mon avis, naît un besoin de se dire: ʻSi je me fais agresser, je veux savoir me défendre et pas uniquement me mettre en position latérale de sécurité pour subir les coupsʼ». Il juge néanmoins l’image «discutable», sans non plus crier au scandale. Reste que l’on peut se demander comment elle aurait été perçue dans le contexte d’un cours d’introduction à l’autodéfense destiné à n’importe quelle autre catégorie de la population. Des membres d’un parti de droite, par exemple…

Contactée, la Police Municipale de Lausanne ne fait pas de commentaire. L’événement tel qu’organisé ne demandait pas d’autorisation officielle, et ne suscitait pas d’analyse particulière sur son visuel.

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