Au boulot mesdames!

Vous êtes une femme et vous avez décidé de travailler à moins de 70%? Ce que vous faites est mal, très mal. Et ce n’est pas Le Peuple — vil organe de presse du capitalisme prédateur — qui le dit mais l’ex-conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf.
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Ces riches recommandations accompagnaient, dans un entretien à la NZZ am Sonntag, un message de soutien au relèvement de l’âge de la retraite des femmes, sur lequel la population s’exprimera le 25 septembre prochain. Travaillez plus, et plus longtemps, et le bonheur vous ouvrira les bras entre la fin du boulot et les plats prémâchés de l’EMS! A moins de faire un cancer entre-temps.
Alors on ne va pas jouer la lutte des classes quand on aspire essentiellement à boire des bières fraîches sur une plage de Thaïlande, à l’approche du troisième âge. Gageons cependant qu’il est relativement agréable de travailler à 70% quand on passe d’une carrière de haute fonctionnaire à une carrière de directrice de Pro Senectute, comme la Grisonne. Quand on traîne une épicondylite depuis vingt ans, parquée à la caisse d’un grand magasin, c’est parfois plus délicat. Surtout, on comprend mal de quel libéralisme la native de Felsberg se fait l’apôtre. Certainement pas le nôtre, tant le fait de se terrer dans une cabane près d’un lac, comme jadis Henry David Thoreau, nous paraît un destin plus enviable que la soumission aux injonctions de quelque politicien de carrière.

La fraction de seconde de trop

Depuis quelques semaines, difficile d’y échapper: des panneaux en langue inclusive nous invitent, à travers la Suisse romande, à ne pas écraser les «ÉCOLIER-RES». Heureusement, d’ailleurs, parce que sans mention explicite des élèves de sexe féminin, les chauffards avaient la fâcheuse tendance de choisir leurs victimes en fonction de leur sexe… Désormais, plus d’excuse, donc, et tant pis si les automobilistes peu familiers de la novlangue perdent des fractions de secondes précieuses à tenter de déchiffrer ce sabir abscons: au moins ils seront dangereux pour la bonne cause.

La fin de l’abondance s’annonce sympathique

La France est ce beau pays dont le président peut annoncer les mois difficiles à venir, tandis que lui-même fait le zouave sur un jet-ski. Alors pas de haine du succès dans nos rangs: tant mieux si Jupiter peut se détendre entre deux téléphones durant ses vacances. Après tout, un président aussi a le droit de s’amuser. On ne comprend juste pas ce désir de faire ça au milieu de la mer, alors qu’il y a des programmes d’occupation si rigolos (voir ci-dessous) dans les prisons de l’Hexagone.

Dans les prisons de Fresnes, l’ann didou didou d’ann

Les amateurs de chansons bretonnes se souviennent sans doute qu’il fallut jadis une «jeunette» pour délier les pieds d’un prisonnier «dans les prisons de Nantes». Dans celles de Fresnes, c’est plus simple: un «moment d’engagement fraternel» (dixit le directeur des lieux, Jimmy Delliste) suffit. Cet été, la France ébahie a ainsi eu l’occasion de découvrir «Kohlantess», un «Koh-Lanta des cités», organisé entre quatre murs. Au menu de cette déclinaison de la fameuse émission de télé-réalité de TF1, des épreuves comme le karting, le mime ou le tir à la corde au-dessus d’une piscine. Le tout, au lendemain d’une pièce de théâtre mettant en scène le rappeur Stomy Bugsy, qui en son temps prônait le «sacrifice de poulets».
Mais pas de mauvais esprit: le karting pour la réinsertion, pourquoi pas, après tout. On pourrait même imaginer qu’une visite au Grand Prix de Monaco transformerait tout ce joli monde en citoyens modèles. L’ann didou didou d’ann…

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