A mort Balzac!

Si certains, comme Georges Steiner, font vivre l’amour des livres, d’autres les traitent comme de vulgaires participants de jeux de télé-réalité. Exemple à Fribourg.
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A part ceux qui, prévoyants, avaient déjà eu le bon goût de jeter leur télé par la fenêtre au début des années 2000, nul n’a oublié le fameux «Vous êtes le maillon faible», de la présentatrice Laurence Boccolini, sur TF1. Vingt ans plus tard, cette triste logique de course à l’audimat s’est déplacée dans le domaine de la littérature. Un récent article de La Liberté nous apprend ainsi que la bibliothèque publique de la ville de Fribourg a fait le tri dans ses classiques, éliminant des noms aussi prestigieux que Balzac, Bernanos ou Racine des rayons. Et la responsable de l’établissement, Lara Jovignot, de l’assurer: personne ne veut faire la guerre aux monstres sacrés. Ce toilettage s’est effectué sur la base d’usage, d’ancienneté au catalogue, et d’usure des objets. «Nous n’avons pas fait de l’évaluation intellectuelle», souligne-t-elle même, comme s’il s’agissait d’une prouesse.

Voici justement le problème: sans «évaluation intellectuelle», il y a fort à parier que Fifty Shades of Grey, loin devant Proust, deviendra rapidement le ténor des bibliothèques publiques. Chesterton avait eu une belle phrase: «Quand tout s’affaiblit et devient stérile au sein d’un peuple, il commence à parler d’efficacité». Voilà une citation qui pousse à la réflexion sur le sort que nous réservons aux géants qui nous ont précédés. Une réflexion qui ne sera toutefois plus possible si les ouvrages consacrés au développement personnel ou à la vie intestinale, au hasard, devaient continuer à prendre le pas sur les œuvres de génies tels que Balzac, Bernanos et Racine.

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